La Formation au Service de la Qualité - Partie 5
L’Art de Transmettre le Savoir
"Quand la Qualité Rencontre l’Humour et les BPF"
Transmettre
le savoir est un enjeu essentiel, particulièrement dans des secteurs où une
erreur de compréhension peut avoir des conséquences désastreuses : qualité
pharmaceutique, agroalimentaire, dispositifs médicaux… Si un opérateur comprend
mal une procédure de nettoyage, un lot entier de médicaments peut être
contaminé. Si un technicien ignore un point de contrôle critique, Boum, des
consommateurs peuvent en payer le prix.
![]() |
Un formateur dynamique |
Alors, comment transformer une session de formation en une expérience inoubliable ? Comment rendre l’apprentissage de la qualité aussi fluide et naturel que la dégustation d’un bon café ? C’est ce que nous allons explorer ensemble.
1. Quand la Qualité vous fait bâiller… et comment y remédier
Nous avons tous vécu ce moment où quelqu'un
essaie de nous enseigner quelque chose – surtout dans le domaine de la qualité
pharmaceutique ou agroalimentaire, où les détails techniques peuvent facilement
devenir soporifiques – mais échoue lamentablement à capter notre attention.
C'est frustrant, pas vrai ?
Imaginez : vous êtes assis dans une salle de
réunion mal éclairée, devant un PowerPoint surchargé de tableaux Excel. Le
formateur, un expert en BPF (Bonnes Pratiques de Fabrication), parle de « gestion
du risque qualité (ICH Q9) » d’une voix monocorde.
Votre collègue de gauche s’est déjà endormi sur son note book, et vous, vous
comptez les carreaux du plafond en espérant que la pause-café arrive avant la
crise existentielle.
Pourtant, derrière ces slides soporifiques se
cache un sujet passionnant : sauver des vies. Oui, vous avez bien
lu ! c’est exactement ça. Une formation bien menée sur les normes ISO en
agroalimentaire peut éviter une intoxication massive. Une explication claire
des BPF en pharma peut garantir l’efficacité d’un médicament contre le cancer.
Alors pourquoi tant d’ennui ? Parce que transmettre le savoir, c’est comme
préparer un couscous traditionnel : si vous n’y ajoutez pas d’amour, de semoule
moyenne, de légumes colorés et d’épices parfumées, cela devient juste une
simple bouillie, au lieu de se transformer en un plat savoureux et réconfortant
dans un rêve méditerranéen aux alentours de la Casbah d’Alger.
C’est justement là que réside tout l’art de la
transmission du savoir. Et oui, c’est bien un art ! Parce que captiver une
audience, faire passer des notions complexes sans perdre l’intérêt de ceux qui
vous écoutent et, surtout, s’assurer qu’ils retiennent l’essentiel, ce n’est
pas inné. Cela demande des techniques, de la créativité et une bonne dose de
psychologie.
Dans cet article, on va parler de vous —
oui, vous, le manager qualité, ce formateur qui rêve de rendre ses formations
moins « meh » et plus « wow ». On va rire, on va
râler peut-être, et on va surtout partager des astuces pour transformer vos
sessions en moments mémorables. Prêt ? Allez, on y va, mais sans blouse blanche
cette fois.
2. Les Bases (ou comment éviter de devenir le
professeur Snape de la Qualité)
Avant
de parler des techniques avancées, penchons-nous sur les fondamentaux, l’histoire
de savoir si vos pieds sont bien collés au sol, particulièrement dans le cadre
des industries réglementées comme le Pharma et la Nourriture.
2.1. Connaissez
votre public
Le
secret numéro un pour bien transmettre le savoir dans un contexte de la qualité
? Connaître vos apprenants. Imaginez que vous, commencer une formation sur les
exigences ISO 9001 à un groupe d'opérateurs de production qui ne sont pas
familiers avec le jargon technique. Pas terrible, hein ? Ou pire encore,
imaginez expliquer les critères microbiologiques des BPF à un expert en
marketing produit sans contextualiser l'impact sur la sécurité alimentaire.
Double oops !
Pour
éviter ces gaffes, demandez-vous toujours :
- Qui sont mes apprenants ?
- Quels sont leurs besoins en
termes de compréhension des normes qualité ?
- Quelles sont leurs
connaissances préalables concernant les BPF ou ISO ?
En filtrant
ces réponses, vous pouvez adapter votre contenu pour qu'il soit pertinent et
accessible, tout en restant conforme aux exigences réglementaires.
Donc,
sur le terrain, avant de démarrer le speech, posez trois questions à votre
auditoire :
- « Qui ici a déjà entendu
parler des BPF ? » (Les
mains levées vous indiqueront le niveau de base.)
- « À votre avis, pourquoi la
traçabilité est-elle cruciale dans cette usine ? » (Réponse possible
: « Pour éviter de manger des nuggets au goût de pneu ? »)
- « Quel est votre plus grand défi quotidien ? » (Si quelqu’un répond « les réunions interminables », c’est gagné.)
Anecdote
drôle : Un jour,
un formateur a essayé d'expliquer à un groupe de contrôleurs qualité « c’est
quoi un échantillon représentatif » dans le prélèvement des matières
premières en vrac par des formules statistiques selon ISO sans utiliser
d'exemples concrets. Résultat ? Un silence glacial dans la salle. Moralité :
simplifiez, contextualisez, et utilisez des histoires réelles pour rendre
l'abstrait concret !
Il
aurait dû utiliser une analogie simple et visuelle, n’est-ce pas ?
L’exemple
concret : La
soupe et la louche
"Imaginez
que vous cuisinez une grande marmite de soupe. Vous voulez vérifier si elle est
bien assaisonnée. Que faites-vous ? Vous ne prenez pas juste une cuillère à la
surface, sinon vous risquez de goûter uniquement l’huile ou les épices
flottantes. Vous mélangez bien et prenez une louche qui représente toute la
soupe."
Message
clé : Un bon
échantillon, c'est comme une louche bien prise dans la marmite : il doit
refléter le produit dans son ensemble, pas juste une partie spécifique.
Et pour
ancrer ça encore plus :
"Si vous deviez tester la qualité
du sucre dans un gros sac de 500 kg, est-ce que vous prendriez juste une pincée
sur le dessus ? Non ! Sinon, si un malin a versé du sel au fond, on ne le
saurait jamais !"
Ce
genre d’exemple permet de faire un lien direct avec leur quotidien, ce
qui rend la notion bien plus facile à comprendre et à retenir. Voir mon
article sur l’Andragogie.
2.2. Soyez
Clair Et Structuré Avec Un Focus Sur La Qualité
Personne
n'aime se perdre dans un dédale de concepts complexes sans fil conducteur,
surtout lorsqu'il s'agit de respecter des normes rigoureuses comme celles des
BPF ou ISO. Assurez-vous donc que votre message soit clair et bien structuré.
Voici quelques conseils spécifiquement adaptés au monde de la qualité :
- Commencez par une
introduction engageante qui relie directement le sujet à la réalité
quotidienne des participants.
- Divisez votre contenu en
sections logiques, par exemple : "Qu'est-ce que les BPF ?",
"Pourquoi sont-elles importantes ?", "Comment les appliquer
concrètement ?".
- Terminez par un résumé qui
met en avant les impacts directs sur la qualité et la conformité.
Pensez
à cela comme à un guide pratique pour atteindre l'excellence en matière de
qualité. Si l'une des parties manque, l'objectif final risque de ne pas être
atteint.
Astuce
pratique : Utilisez
des acronymes couramment utilisés dans votre secteur, mais expliquez-les
toujours. Par exemple, si vous mentionnez "HACCP" dans une formation
agroalimentaire, définissez-le clairement : "Hazard Analysis and Critical
Control Points", ou en français, "Analyse des dangers et points
critiques à maîtriser". Cela évite toute confusion.
Dr. Chabou,
un expert en qualité pharma, m’a un jour confié : « La clarté, c’est
comme un bon médicament : si la notice ou l’emballage est illisible, personne
ne sait comment le prendre. » Traduction : organisez votre contenu en
trois actes, comme un film :
Acte
1 – Le Problème : «
Imaginez : un lot de vaccins contaminé à cause d’un geste mal expliqué. »
Acte
2 – La Solution : «
Les BPF, c’est votre kit de survie contre les bactéries ninjas. »
Acte
3 – L’Action : «
Maintenant, à vous de jouer : comment amélioreriez-vous ce processus ? »
3. Les Techniques Pour Captiver (ou comment éviter le
coma cérébral collectif)
Maintenant
que nous avons couvert les bases spécifiques à l’univers de la qualité, passons
aux techniques « Forces Spéciales » pour captiver votre public tout
en respectant les exigences strictes des normes.
3.1. L’Humour
: Le Meilleur Allié Contre Le Stress Réglementaire
Vous
savez quoi ? On dit que les employés retiennent 30% de plus quand ils rigolent.
Même dans les environnements les plus sérieux, rire rend tout plus facile. Que
ce soit lors d'une session de formation sur les audits ISO ou d'une
présentation sur les BPF, ou même dans le quotidien du travail. Un peu d'humour
peut détendre l'atmosphère et rendre l'apprentissage comme le travail plus
agréable. Regardez cette vidéo :
Exemple
concret : Pendant
une formation sur la gestion des documents selon ISO 9001, un formateur a
commencé sa présentation en disant : "Si vous pensez que documenter chaque
étape est fastidieux, rappelez-vous que sans ces papiers, vous seriez perdu
comme un chat dans une bibliothèque !" Tout le monde a ri, et l'ambiance
était immédiatement plus légère.
Mais
attention, l'humour doit être utilisé avec modération. Vous ne voulez pas
passer pour quelqu'un qui minimise l'importance des normes qualité. Trouvez le
bon équilibre !
Comme
disait mon collègue Farid, responsable qualité dans une pâtisserie : «
Si t’expliques la fermentation comme une danse entre levures et farine, même
Mario comprend. »
Les
Exemples Concrets Tirés Du Réel
Rien
n'est plus ennuyeux qu'un discours rempli de théories abstraites, surtout dans
un domaine technique comme le pharmaceutique ou l’agroalimentaire. Pour éviter
cela, utilisez des exemples concrets tirés de situations réelles rencontrées
dans ces industries.
Histoire
vraie : Un
formateur en BPF a expliqué l'importance de la traçabilité en racontant une
anecdote personnelle. "Un jour, une entreprise pharmaceutique a dû retirer
un lot entier de médicaments contaminé, parce qu'une seule machine n'avait pas
été correctement nettoyée, et la procédure de nettoyage n’était pas
correctement validée. Coût total : plusieurs millions de dollars, sans parler
des sanctions sur les responsables avec leurs familles qui mangeaient de ce
pain. Moralité ? Ne négligez jamais les vérifications régulières !" Cette
histoire a marqué les participants, qui ont mieux compris pourquoi chaque
détail compte.
3.2. L’Interactivité
: Parce que personne n’aime les monologues
Qui dit
interaction dit engagement. Plus vos apprenants participent activement, plus
ils retiennent ce qu'ils apprennent. Dans le contexte de la qualité, cela peut
prendre plusieurs formes :
- Posez des questions
ouvertes liées à des scénarios réalistes.
- Organisez des ateliers
pratiques où les participants simulent des audits ou des contrôles
qualité.
- Proposez des jeux sérieux
basés sur des défis réglementaires.
Blague
interne : Si
vous voyez que vos apprenants somnolent pendant une session sur les plans
d'amélioration continue selon ISO, lancez un quiz surprise. Ça les réveillera
instantanément !
Exemple vécu : Lors d’un
atelier sur l’HACCP, j’ai vu un formateur distribuer des dés et des
cartes « danger » (microbes, produits chimiques…). Les équipes
devaient créer un processus sécurisé en lançant les dés pour déterminer les
risques. Résultat ? Une ambiance de jeu de société, avec des débats du type
: « Non, Marc, tu ne peux pas ignorer le risque Salmonella juste
parce que t’as fait 6 ! »
Idée à piquer :
Organisez un « Procédure Karaoké » : les participants
réécrivent une procédure en langage courant sur une musique connue. « Let
It Go version nettoyage de zone stérile », ça marche à tous les coups.
Petite
astuce : Demandez
régulièrement des feedbacks informels. Par exemple : "Est-ce que cela a du
sens pour vous jusqu'ici ?" Cela montre que vous êtes à l'écoute et que
vous vous souciez de leur compréhension.
4. Vérifiez que votre message est bien passé
Alors,
vous avez partagé votre savoir avec enthousiasme, expliqué des concepts avec
passion, peut-être même lancé une ou deux blagues bien senties (ou pas). Mais
maintenant, une question essentielle se pose : Est-ce que votre public a
vraiment capté ce que vous vouliez transmettre ?
![]() |
Feedback : l’évaluation de la transmission |
Pour éviter de prêcher dans le désert, il est essentiel de s’assurer que votre intervention a eu l’effet escompté. Et pour ça, plusieurs options s’offrent à vous :
- Le bon vieux feedback : Un petit tour de table
en fin de session ou un retour écrit permet de recueillir les impressions
à chaud. Ça donne une idée immédiate de ce qui a été compris… et de ce qui
est resté dans la brume.
- Le questionnaire
d’évaluation
: Un format plus structuré, parfait pour obtenir des retours précis sur ce
qui a fonctionné (ou pas). Un bon moyen d’affiner votre approche pour les
prochaines fois.
- L’observation sur le
terrain :
Parfois, les réactions en disent long. Si vos interlocuteurs hochent la
tête avec un regard éclairé, c’est bon signe. S’ils fuient la salle en
silence ou qu’ils regardent leur montre toutes les deux minutes, il y a
peut-être un souci…
- L’analyse des résultats : Si votre objectif était
de rendre vos collègues incollables sur un sujet et qu’ils continuent à
poser les mêmes questions, c’est qu’il faut peut-être revoir votre
approche.
C’est
pour dire que transmettre son savoir, ce n’est pas juste parler, c’est créer un
véritable échange. En prenant le temps d’évaluer votre impact, vous pourrez
affiner votre manière de transmettre avant de vider les chaises, gagner en
efficacité et surtout… prendre encore plus de plaisir à partager ce que vous
aimez !
Conclusion
Au
final, transmettre son savoir, c’est un peu comme cuisiner un bon plat : il
faut de bons ingrédients (des connaissances solides), un assaisonnement parfait
(une touche d’humour et de pédagogie) et surtout, éviter de brûler son
auditoire avec des explications trop complexes. Que ce soit en entreprise, en
formation ou juste au coin de la machine à café, l’essentiel est de donner
envie d’apprendre et de rendre les choses accessibles, pas de se faire passer
pour « un monsieur Sait-tout ».
Alors,
à tous les passeurs de savoir, enseignants de l’ombre et orateurs en herbe :
que votre verbe soit percutant, votre discours captivant, et surtout… que
personne ne s’endorme en vous écoutant !
Note de l’auteur
Si cet
article vous a fait sourire, réfléchir ou, mieux encore, vous a donné envie de
partager vos connaissances autrement, alors mission accomplie ! Et si jamais
vous vous demandez si j’applique moi-même ces conseils… eh bien, disons que j’y
travaille. Avec un peu de patience et beaucoup de café, on y arrive toujours !
Reda LOURGUIOUI